Odonates de France's Journal

January 31, 2024

Difficultés d'identification des Odonates de Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Article complet :
https://drive.google.com/file/d/1tPj5AESYWQiLL8AVeuovT7d9_iC0rmzp/view?usp=sharing

Difficultés d'identification des Odonates de Provence-Alpes-Côte-d'Azur

Mots-clés : Odonates, libellules, identification, critères, répartition, cartographie, PACA, Provence-Alpes-Côte-d'Azur
Auteurs : Joss DEFFARGES, Cyrille DELIRY, Eliot STEIN-DEFFARGES
Citation : DEFFARGES J., DELIRY C., STEIN-DEFFARGES E. (2024) Difficultés d'identification des Odonates de Provence-Alpes-Côte-d'Azur. 80 p. + 10 Planches des critères des Odonates de PACA

Photo de couverture. Mâle d’Anax imperator © Patrick KERN

Sommaire
Résumé 4
Remerciements 4
Introduction 5

Des odonates comme bioindicateurs des milieux aquatiques 5
Les effets du bouleversement climatique 6
Cartes de répartition sur Inaturalist 7
Quelques critères d’identification par genre 25

Le genre Calopteryx 25
Le genre Chalcolestes 36
Le genre Lestes 37
Le genre Sympecma 38
Le genre Coenagrion 39
Le genre Enallagma 40
Le genre Erythromma 41
Le genre Ischnura 42
Le genre Pyrrhosoma 43
Le genre Ceriagrion 44
Le genre Platycnemis 45
Le genre Aeshna 47
Le genre Anax 49
Le genre Boyeria 51
Le genre Brachytron 52
Le genre Stylurus 53
Le genre Gomphus 54
Le genre Onychogomphus 55
Le genre Cordulegaster 57
Le genre Cordulia 58
Le genre Oxygastra 59
Le genre Somatochlora 60
Le genre Brachythemis 61
Le genre Crocothemis 62
Le genre Diplacodes 63
Le genre Leucorrhinia 64
Le genre Libellula 65
Le genre Orthetrum 67
Le genre Pantala 71
Le genre Selysiothemis 72
Le genre Sympetrum 73
Le genre Trithemis 74
Conclusion 75
Références bibliographiques 76
Sitographie 77
Références bibliographiques spécifiques aux Calopteryx 78
Références bibliographiques spécifiques aux autres espèces 79
Planches des critères des Odonates de PACA 80

Résumé
Bien qu’étudiés depuis fort longtemps, les odonates sont toujours une source d’émerveillement lors de leur observation, agilité du vol, cœur copulatoire, ponte en tandem ou gardiennée, migration, faculté d’adaptation aux milieux. Une nouvelle manière d’aborder les critères d’identification, simple et discriminante est détaillée dans ce document. Si divers critères sont présentés, ces quelques pages ne doivent pas se substituer aux guides de détermination qui sont plus complets et nécessaires pour toute détermination rigoureuse. Nous n’aborderons pas les genres trop simples ou trop complexes, ni les exuvies pour lesquelles un guide d’identification spécifique existe.
Remerciements
Merci aux nombreux contributeurs d’Inaturalist qui, avec les illustrations de leurs données, permettent de confirmer et d’affiner la répartition de nombreuses espèces d’odonates et de découvrir les multiples facettes de leur phénologie. Nous en profitons pour déconseiller, quand c’est possible, la capture des libellules pour ne pas écraser les poils qui couvrent leur corps et leurs pattes. Ces poils auraient des récepteurs chimiques et tactiles, et serviraient également à l’orientation, donc toute manipulation n’est pas innocente.

Photo 1. Détails des poils sur la face d’un mâle de Sympetrum fonscolombii © Guy George
Cette publication est un hommage à Hans-Jürgen Blum, qui s’est éteint en 2020 à Grasse, traducteur en français des documents et du film de son ami, Dirk Pape Lange, odonatologue réputé. Hans, ingénieur agronome, mettait ses connaissances en application pour organiser vergers, potagers bio, jardins et mares, avec des équilibres biologiques surprenants, permettant de combiner biodiversité et productivité. Discret mais fervent défenseur de la nature, cet amoureux des libellules avait publié plusieurs articles sur le blog de l’ANAB Association Nature Alsace Bossue.
En prenant de nombreux clichés à Grasse, il a enrichi le nombre d’espèces d’odonates potentielles ou avérées de cette commune, et suscité des vocations pour la prospection assidue des milieux des Préalpes et des Alpes-Maritimes. Nous faisons partie de ces prospecteurs motivés.

Photo 2. Hans-Jürgen BLUM © Mareike STEIN

Introduction

Des odonates comme bioindicateurs des milieux aquatiques
Cet ordre des insectes est très ancien et un de leur ancêtre du genre Meganeura est le plus grand insecte ayant existé sur Terre d’une longueur de 70 cm. Ses dimensions sont voisines d’un oiseau comme le pigeon. Ils ont été trouvés sous forme de fossile du carbonifère et du permien, des roches datées entre 360 et 300 millions d’années. Les Meganeura sont rangés dans l’ordre des Méganisoptères et appartiennent aux Odonatoptères, un ensemble qui comprend les actuels odonates qui ne sont apparus pour la plupart pas avant l’ère secondaire. Les libellules ont donc survécu à plusieurs extinctions massives. Leur spécialisation et leur diversification sont les gages de leur survie, mais permettent également de corréler les milieux qu’ils colonisent et les cortèges observés. Les libellules de tourbières auront des affinités avec les eaux acides oligotrophes, celles des étangs avec les eaux calmes eutrophes ou mésotrophes, celles des torrents préfèreront les eaux oxygénées, etc… Certaines sont forestières, en particulier sous les tropiques, d’autres n’aiment que les milieux ouverts comme c’est souvent le cas en Europe, ou affectionnent les suintements dans les tufs, et quelques-unes ne sont pas aussi spécialisées dans le choix de leurs habitats et sont ubiquistes.
Avec ces spécificités, utiliser les odonates autochtones comme bioindicateurs paraît une évidence. Chaque modification du milieu d’origine naturelle ou anthropique changera le cortège et la dimension des populations et en conséquence la biomasse d’une zone humide à étudier.

Tableau 1 : Modifications du milieu d’origine naturelle ou anthropique influant sur le cortège ou la biomasse des odonates

Toutefois, rien n’est figé chez ces insectes volants, pouvant parcourir des milliers de kilomètres pour certaines espèces. Ces dernières années, de nouvelles espèces apparaissent en PACA, comme la colonisation de Trithemis annulata ou Selysiothemis nigra, et d’autres semblent en régression comme Coenagrion pulchellum ou Brachytron pratense. Le bouleversement climatique actuel fait peser de lourdes menaces sur la disponibilité des eaux de surfaces utilisées par les odonates. Ceci ne sera pas sans conséquences sur leur reproduction. Ainsi leur étude n’est pas que pour le plaisir d’observer leur ballet merveilleux, mais aussi pour trouver les moyens de préserver leurs habitats et les nombreux cortèges associés de leurs prédateurs qui sont souvent des espèces protégées ou patrimoniales, ou encore menacées et souvent en régression en PACA. Les libellules sont des témoins du bon fonctionnement des zones humides

Les effets du bouleversement climatique
Les canicules à répétition ne sont pas sans conséquences, même si ces espèces sont capables d’une résilience totale maintes fois prouvée depuis des millions d’années.

Photo 3. Trithemis annulata au Lac du Broc (06) en eau le 3 septembre 2018 © Joss DEFFARGES
L’assèchement des zones humides affectera les larves, et cette ressource alimentaire fait partie d’une chaîne complexe impactant de nombreux vertébrés. Les imagos eux-mêmes jouent un rôle important dans certaines proliférations, car ils capturent une grande diversité d’insectes, dont d’importantes quantités de diptères pouvant être porteurs de germes affectant l’homme, comme les moustiques. Ce phénomène est révélateur de difficultés à venir pour l’humanité vis-à-vis des ressources en eau.

Photo 4. Lac du Broc (06) sans eau le 13 septembre 2020 © Joss DEFFARGES
La conservation des prairies humides, des tourbières alpines, des étangs littoraux, sont les seules garanties de préservation des odonates et de notre biodiversité régionale.

Photo 5. Tourbière du Sabaroté à Saint-Dalmas-le-Selvage (06) © Joss DEFFARGES

Photo 6. Lac des Mimosas à Pégomas (06) © Joss DEFFARGES 
Cartes de répartition sur Inaturalist
Calopteryx haemorrhoidalis

Calopteryx splendens

Calopteryx virgo

Calopteryx xanthostoma

Chalcolestes viridis

Lestes barbarus

Lestes macrostigma

Lestes sponsa

Lestes virens

Sympecma fusca

Coenagrion caerulescens

Coenagrion hastulatum

Coenagrion mercuriale

Coenagrion puella

Coenagrion pulchellum

Coenagrion scitulum

Enallagma cyathigerum

Erythromma lindenii

Erythromma viridulum

Ischnura elegans

Ischnura pumilio

Pyrrhosoma nymphula

Ceriagrion tenellum

Platycnemis acutipennis

Platycnemis latipes

Platycnemis pennipes

Aeshna affinis

Aeshna cyanea

Isoaeschna isoceles

Aeshna juncea

Aeshna mixta

Anax ephippiger

Anax imperator

Anax parthenope

Boyeria irene

Brachytron pratense

Stylurus flavipes

Gomphus graslinii

Gomphus pulchellus

Gomphus simillimus

Gomphus vulgatissimus

Onychogomphus forcipatus

Onychogomphus uncatus

Cordulegaster bidentata

Cordulegaster boltonii

Cordulia aenea

Oxygastra curtisii

Somatochlora alpestris

Somatochlora flavomaculata

Somatochlora metallica

Somatochlora meridionalis

Crocothemis erythraea

Leucorrhinia dubia

Libellula depressa

Libellula fulva

Libellula quadrimaculata

Orthetrum albistylum

Orthetrum brunneum

Orthetrum cancellatum

Orthetrum coerulescens

Pantala flavescens

Selysiothemis nigra

Sympetrum danae

Sympetrum depressiusculum

Sympetrum flaveolum

Sympetrum fonscolombii

Sympetrum meridionale

Sympetrum pedemontanum

Sympetrum sanguineum

Sympetrum striolatum

Sympetrum vulgatum

Trithemis annulata


Quelques critères d’identification par genre

Le genre Calopteryx
Chez les Caloptérygidés, 4 taxons sont présents en PACA. Il faut tout de suite préciser que les sous-espèces et les formes de cette famille sont faciles à observer sur les berges des rivières ou des lacs, et font pourtant partie d’une majorité de méprises lors de leur identification. La sous-espèce Calopteryx virgo virgo est un taxon plus septentrional qui semble avoir disparu des Hautes-Alpes.

Calopteryx haemorrhoidalis
Calopteryx splendens
Calopteryx virgo
Calopteryx xanthostoma
Actuellement, il faut bien reconnaître que les lacunes sont nombreuses mais pour des raisons très diversifiées et complexes à détailler. Globalement, les Calopteryx se raréfient avec la pollution des eaux des cours d’eau côtiers, donc les données historiques paraissent suspectes car non vérifiables en raison de nouvelles conditions écologiques, alors qu’elles sont probablement valides. Le tarissement des zones en têtes de bassins est aussi fatal et conduit à la disparition de populations entières. Faisons un résumé succinct de la situation.
La sous-espèce Calopteryx haemorrhoidalis occasi n’existe pas d’après les analyses génétiques, c’est simplement une forme du Calopteryx haemorrhoidalis dont l’apex de l’aile est décoloré. Mais pourquoi cette forme semble parfois en régression locale par rapport à la forme nominale en France Calopteryx haemorrhoidalis haemorrhoidalis dont les ailes sont entièrement colorées ?
Le Calopteryx splendens est très variable en PACA, la zone hyaline au bout de ses ailes qui permet théoriquement d’identifier les mâles, est parfois pratiquement manquante. Il semble absent des Alpes-Maritimes. La sous-espèce caprai, endémique de l’Italie, de la Corse et du sud de la Suisse, a été identifiée en 2020 dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans l’Ubayette, également dans les Hautes-Alpes, puis dans les Alpes-Maritimes, souvent égarée en altitude. Mais des individus photographiés proches de la Camargue correspondent trait pour trait à cette sous-espèce si on se base sur les critères d’extension de la coloration alaire des mâles. Or ces critères n’apparaissent pas fiables et seule la forme de la marque alaire côté base pourrait convenir (arrondie chez splendens splendens et en pointeau chez splendens caprai).

Photo 7. Mâle de Calopteryx splendens à apex peu hyalin © vincent-bdr
D’autre part, il est connu que Calopteryx xanthostoma est une semi-espèce, à savoir une espèce en voie de formation. Toutefois, l’expérience montre qu’elle ne se mélange guère avec Calopteryx splendens et les hybridations supposées par l’étude des phénotypes paraissent rares. Il ne semble pas y avoir en France de population avec des hybridations régulières connues, si bien que la spéciation apparaît comme bien avancée. Il est rarement observé dans les Alpes-de-Haute-Provence et dans les Hautes-Alpes. Et pour ajouter à la confusion du genre, l’apex de certains Calopteryx xanthostoma est hyalin comme son cousin le Calopteryx splendens !

Photo 8. Mâle de Calopteryx xanthostoma à apex hyalin © Joss DEFFARGES
Le Calopteryx virgo meridionalis, seule sous-espèce valide encore présente en PACA, est souvent confondu avec les autres espèces, car son apparence est troublante quand il est immature.
Pour finir, comme rien n’est simple chez les Calopteryx, ils peuvent tous être erratiques, Calopteryx haemorrhoidalis jusqu’à au moins 1300 mètres d’altitude, et les autres probablement jusqu’à au moins 2500 mètres !
Et nous ne parlions jusqu’ici que de l’identification des mâles par leur coloration alaire. Il se trouve que les femelles et les immatures sont encore plus difficiles à déterminer, sans parler d’hybridation, de cas de gynomorphisme ou d’andromorphisme, qui heureusement sont rares. Comme avec d’autres ordres d’insectes ou avec les mollusques, la détermination sur un seul individu est notoirement insuffisante et il convient d’étudier plusieurs individus d‘une population donnée, en particulier si on s’intéresse aux sous-espèces.

Les mâles de Calopteryx haemorrhoidalis :
La coloration globale est violette.

Photo 9. Mâle de Calopteryx haemorrhoidalis © Joss DEFFARGES
Le catadiopte est rose.

Photo 10. Catadioptre du mâle de Calopteryx haemorrhoidalis © Joss DEFFARGES

Les mâles de Calopteryx haemorrhoidalis forme occasi :
Les mâles de forme occasi ont l’apex des ailes postérieures nettement hyalin.

Photo 11. Apex des ailes du mâle de Calopteryx haemorrhoidalis forme occasi© Joss DEFFARGES

Les femelles de Calopteryx haemorrhoidalis :
L’apex de l’aile est nettement coupé de brun, et les sutures thoraciques sont blanches.

Photo 12. Femelle forme brune de Calopteryx haemorrhoidalis © Joss DEFFARGES

Photo 13. Femelle forme verte de Calopteryx haemorrhoidalis © Joss DEFFARGES

Les sutures thoraciques sont également blanches chez les immatures des deux sexes comme le mâle immature ci-dessous.

Photos 14, 15. Détail des sutures thoraciques blanches chez un mâle immature de Calopteryx haemorrhoidalis © Joss DEFFARGES 
Les mâles de Calopteryx virgo meridionalis, splendens et xanthostoma :
La délimitation de la coloration alaire à la base est différente, représentée ici sur un Calopteryx splendens splendens :

Photo 16. Délimitation de la coloration alaire © Cyrille DELIRY
Calopteryx virgo meridionalis
Calopteryx splendens caprai
Calopteryx splendens splendens
Calopteryx xanthostoma

Les femelles de Calopteryx virgo meridionalis, splendens et xanthostoma :
Les sutures thoraciques ne sont jamais blanches.

Photo 17. Sutures thoraciques d’une femelle Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

Les mâles de Calopteryx splendens :
L’apex de l’aile est bien hyalin, sauf exception. Se reporter à la délimitation de la base de l’aile, assez droite chez xanthostoma, et arquée chez splendens.

Photo 18. Mâle de Calopteryx splendens splendens© Joss DEFFARGES

Photo 19. Aile d’un mâle de Calopteryx xanthostoma pour comparaison © Joss DEFFARGES 
Les mâles de Calopteryx xanthostoma :
L’aile est étroite comme splendens mais l’apex est coloré comme virgo, sauf exception. Se reporter à la délimitation de la base de l’aile, droite chez xanthostoma, et arquée chez splendens.

Photo 20. Mâle de Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

Les mâles de Calopteryx virgo meridionalis :
La coloration globale est bleue et verte.

Photo 21. Mâle de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES
L’aile est plus large que les autres Calopteryx et quasi entièrement colorée.

Photo 22. Mâle de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES

Le catadioptre est bicolore, blanc crème au segment 10 et rosé au segment 9 avec un motif noircissant chez les individus matures.

Photo 23. Catadioptre du mâle de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES

Les mâles immatures de Calopteryx virgo meridionalis :
L’immature a une coloration alaire unie, ressemblant à une femelle.

Photo 24. Mâle immature de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES

Les femelles de Calopteryx virgo meridionalis :
L’aile est large, sombre, jamais hyaline. Le ptérostigma est en avant de l’apex de l’aile par rapport à splendens ou à xanthostoma.

Photo 25. Femelle mature de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES
La femelle immature peut avoir l’apex de l’aile semblant sombre comme haemorrhoidalis, mais les sutures thoraciques ne sont jamais blanches et les pseudo-ptérostigmas sont plus petits et offrent moins de contraste dans l’apex de l’aile.

Photo 26. Femelle immature de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES

Photo 27. Femelle immature de Calopteryx virgo meridionalis © Joss DEFFARGES

Les mâles de Calopteryx xanthostoma :
La coloration globale est bleue ou verte et les ailes paraissent étroites par rapport à virgo.

Photo 28. Mâle de Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

Le catadioptre est jaune vif sur S9 et S10 avec un net motif noir en forme de couronne au segment 9.

Photos 29, 30. Catadioptre du mâle de Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

L’immature a une coloration alaire très faible rendant l’identification difficile.

Photo 31. Mâle immature de Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

Photo 32. Mâle immature de Calopteryx xanthostoma © pdubois

Les femelles de Calopteryx xanthostoma :
Les sutures thoraciques ne sont jamais blanches. L’aile est hyaline comme splendens, souvent plus verdâtre. Les immatures sont difficilement différentiables de splendens.

Photo 33. Femelle de Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

Photo 34. Femelle de Calopteryx xanthostoma © thibaut_ferraille
Le dessus des derniers segments est orné d’une ligne jaunâtre chez la femelle xanthostoma, jamais de ligne blanche.

Photos 35, 36. Derniers segments de la femelle de Calopteryx xanthostoma © Joss DEFFARGES

Les mâles de Calopteryx splendens :
La coloration globale est verte ou bleue.

Photo 37. Mâle de Calopteryx splendens © jost_holtzmann
Le catadioptre est jaune pâle ou jaunâtre, avec ou sans petit motif longiforme noirâtre au segment 9 suivant la maturité.

Photos 38, 39. Catadioptre du mâle de Calopteryx splendens © Benoît GUILLON et crancot-nature.blogspot.com
L’immature a une coloration alaire plus marquée que chez un immature de xanthostoma.

Photo 40. Mâle immature de Calopteryx splendens © laurentbarthe

Photo 41. Mâle immature de Calopteryx splendens © vale_khr

Les femelles de Calopteryx splendens :
Les sutures thoraciques ne sont jamais blanches. L’aile est hyaline comme xanthostoma, souvent plus brunâtre. Les femelles immatures sont peu différentiables de xanthostoma.

Photo 42. Femelle de Calopteryx splendens © jltasset

Photo 43. Femelle de Calopteryx splendens © Benoît GUILLON

Le dessus des derniers segments est toujours orné d’une ligne blanche chez la femelle splendens, comme la femelle virgo. La confusion est alors possible chez les immatures, mais les ailes de splendens sont toujours nettement plus transparentes.

Photos 44, 45. Derniers segments de la femelle de Calopteryx splendens © Benoît GUILLON


Les quatre espèces de Calopteryx en accouplement permettent de bien différencier les ailes des mâles :

presque noires chez haemorrhoidalis,
bien bleutées chez virgo meridionalis,
base et apex transparents chez splendens,
la base transparente chez xanthostoma.
Calopteryx haemorrhoidalis

Calopteryx virgo meridionalis

Les quatre espèces de Calopteryx en accouplement permettent de bien différencier les ailes des femelles :

apex coupé de brun chez haemorrhoidalis,
ailes embrunies chez virgo meridionalis,
ailes vert sombre transparentes chez splendens,
ailes vert clair transparentes chez xanthostoma.
Calopteryx splendens

Calopteryx xanthostoma

Photos 46, 47, 48, 49. Les quatre espèces de Calopteryx en accouplement © Joss DEFFARGES

Le genre Chalcolestes
Une seule espèce commune et largement répartie, sauf dans les hauts massifs alpins car elle n’est pas alticole. Elle est facilement identifiable par son ptérostigma jaune et l’hameçon vert qui orne le thorax des deux sexes, y compris chez les immatures. Une autre espèce, Chalcolestes parvidens, est présente en Corse et en Ligurie et est potentielle en PACA.

Chalcolestes viridis
Photo 50. Femelle immature de Chalcolestes viridis © Joss DEFFARGES

Photo 51. Détails de l’hameçon ornant le thorax de Chalcolestes viridis © Joss DEFFARGES

Photo 52. Ptérostigmas jaunes caractéristiques d’un mâle de Chalcolestes viridis © Joss DEFFARGES 

Le genre Lestes
L’identification est souvent affaire de spécialistes, bien que les critères soient accessibles avec un peu de rigueur et de bonnes photos du thorax, des ptérostigmas, des cerques des mâles et des écailles vulvaires des femelles pour les espèces difficiles à séparer comme dryas/sponsa et virens/barbarus.

Lestes barbarus
Lestes dryas
Lestes macrostigma
Lestes sponsa
Lestes virens virens
La répartition de ces espèces a peu évolué ces dernières années, bien que Lestes barbarus se fasse plus rare et que la sous-espèce vestalis de Lestes virens n’est pas connue en PACA, alors qu’elle est fortement potentielle. Les Lestes jouissent d’une réputation de pionniers, pouvant coloniser des milieux pendant de longues périodes allant jusqu’au siècle, puis les abandonnant soudainement.

Photo 53. Femelle de Lestes virens vestalis en Suède © abumadsen 

Le genre Sympecma
Une seule espèce commune largement répartie, facilement identifiable par sa coloration souvent brune. Une autre espèce, Sympecma paedisca, est considérée éteinte en France, mais continue à être recherchée. Cette dernière a été citée dans les Alpes-Maritimes à la suite d’une erreur de traduction d’un article en allemand. Elle n’appartient à la faune régionale. Notez que les Sympecma fusca au réveil du printemps prennent une coloration bleue au niveau des yeux qui témoigne de l’atteinte de leur maturité. Ils sont alors en état de de s’accoupler et se reproduire.

Sympecma fusca
Photo 54. Mâle de Sympecma fusca © Joss DEFFARGES

Photo 55. Ponte en tandem de Sympecma fusca © Joss DEFFARGES

Le genre Coenagrion
L’identification est relativement difficile sur les mâles, car le symbole du segment 2 a une forme variable et n’est parfois pas un critère suffisant à la détermination formelle. Chez les femelles et les immatures, c’est beaucoup plus compliqué, et une loupe est conseillée pour détailler le pronotum ou une photo macro de très bonne qualité. Le plus simple est de rechercher les mâles qui sont souvent majoritaires sur les sites étudiés.

Coenagrion caerulescens
Coenagrion hastulatum
Coenagrion mercuriale
Coenagrion puella
Coenagrion pulchellum
Coenagrion scitulum
Ces espèces ont des capacités de dispersion moindre que dans d’autres genres et la cartographie précise s’est étoffée au fil des ans sans remettre en cause les connaissances de la répartition passée. On notera que Coenagrion hastulatum est confiné au nord des Hautes-Alpes, et que Coenagrion scitulum est présent jusqu’aux portes des Alpes-Maritimes. Coenagrion pulchellum semble de plus en plus rarement observé et est à présent classé En danger sur la dernière Liste rouge des odonates de PACA.

Photo 56. Mâle de Coenagrion hastulum © Charlin LASSALLE

Photo 57. Mâle de Coenagrion pulchellum © Joss DEFFARGES

Photo 58. Mâle de Coenagrion mercuriale © Joss DEFFARGES 

Le genre Enallagma
Une seule espèce commune largement répartie mais plus rare sur le littoral maritime. En effet, cette espèce gagne en altitude à mesure que ses stations sont plus méridionales et fréquente moins les habitats de plaine. Son identification requiert un peu d’attention, car les confusions sont aisées à cause de la variabilité des critères à observer, largeur des bandes antéhumérales, forme du motif du segment 2 pas toujours en champignon parfait. Le critère imparable par rapport au genre Coenagrion se situe sur le pronotum qui est faiblement courbé, alors que la plupart des Coenagrions ont un pronotum lobé. Les femelles sont plus faciles à identifier à condition de vérifier le bon critère, soit l’épine au segment 8 sous l’ovipositeur que seules les femelles de ce genre possèdent.

Enallagma cyathigerum
Photo 59. Femelle atypique d’Enallagma cyathigerum mais les bandes anté-humérales larges et le côté du thorax peu marqué, l’épine vulvaire saillante sous le segment 8 sont diagnostics © Joss DEFFARGES

Photos 60, 61, 62, 63. Variabilité du motif du segment 2 et de la largeur de la bande antéhumérale chez les mâles d’Enallagma cyathigerum © Joss DEFFARGES

Photo 64. Zoom sur l’épine vulvaire au segment 8 d’une femelle d’Enallagma cyathigerum © Joss DEFFARGES

Le genre Erythromma
Deux taxons sont encore présents en PACA avec une répartition assez large, sauf en région alpine car ces espèces ne sont pas alticoles. Les mentions récentes d’Erythromma najas en PACA apparaissent néanmoins suspectes, même celles dans les collections des musées où une erreur d’étiquetage n’est pas exclue.
L’identification des espèces du genre Erythromma est assez facile, car les taches post-oculaires sont sous forme de traits et non de taches, et les mâles d’Erythromma ont le segment 9 et 10 de couleur bleue, jamais le segment 8. La femelle d’Erythromma lindenii a le milieu du corps bleuté, même si ce critère est moins visible chez les immatures, et la femelle d’Erythromma viridulum est de couleur verte et noire avec des bandes antéhumérales très réduites. Les femelles sont plus difficiles à déterminer et demande une bonne rigueur dans l’examen des critères.

Erythromma lindenii
Erythromma viridulum
Erythromma najas
Photo 65. Accouplement d’Erythromma viridulum, le mâle adulte aux yeux rouges et la femelle à la bande antéhumérale réduite © Joss DEFFARGES

Photo 66. Tandem d’Erythromma lindenii, le mâle a les yeux de couleur bleue et la femelle le milieu du corps bleuté © Joss DEFFARGES

Photo 67. Femelle d’Erythromma lindenii immature de forme sombre, avec les taches post-oculaires en forme de tirets, les inter segments étant déjà légèrement bleutés © Joss DEFFARGES

Le genre Ischnura
Deux taxons avec une large répartition même si ces espèces sont moins fréquentes en région alpine.
L’identification est aisée, les mâles et les femelles d’Ischnura elegans ont le segment 8 coloré, bleu chez le mâle et de couleur très variable chez la femelle, alors que les mâles d’Ischnura pumilio ont le segment 9 et une petite partie du segment 8 coloré de bleu, et les femelles ont le dos entièrement noir. Pour un diagnostic complémentaire, Ischnura pumilio a des ptérostigmas plus grands sur les ailes antérieures que sur les ailes postérieures.

Ischnura elegans
Ischnura pumilio
Photos 68, 69. Différence de taille entre les ptérostigmas des ailes antérieures et des ailes postérieures chez Ischnura pumilio © Joss DEFFARGES

Photos 70, 71. Différence de coloration des derniers segments des mâles d’Ischnura, à gauche Ischnura elegans uniquement le segment 8 bleu, et à droite Ischnura pumilio le segment 9 bleu et une petite partie du segment 8 © Joss DEFFARGES

Photos 72, 73. Accouplement d’Ischnura elegans à gauche et Ischnura pumilio à droite © Joss DEFFARGES

Le genre Pyrrhosoma
Le seul taxon connu en PACA est omniprésent, et son identification ne pose aucun problème, car Pyrrhosoma nymphula est le seul odonate à avoir l’abdomen rouge et les pattes noires. Seules les femelles de forme sombre nécessitent un peu plus d’attention dans leur détermination par l’examen des marques thoraciques.

Pyrrhosoma nymphula
Photo 74. Femelle de forme sombre de Pyrrhosoma nymphula aux larges bandes antéhumérales avec des pattes noires © Emmanuel TCHENG

Photo 75. Accouplement de Pyrrhosoma nymphula, les deux sexes ayant la combinaison corps rouge et pattes noires © Joss DEFFARGES

Le genre Ceriagrion
Un seul taxon est connu en PACA. Il est commun sauf en région alpine car il n’est pas alticole. Il peut être confondu avec Pyrrhosoma nymphula mais Ceriagrion tenellum n’a jamais ses pattes noires, et varient du jaune orangé au rouge.

Ceriagrion tenellum
Photo 76. Femelle de forme typica de Ceriagrion tenellum aux pattes rougeâtres © Joss DEFFARGES

Photo 77. Accouplement de Ceriagrion tenellum, les deux sexes n’ayant jamais les pattes noires © Joss DEFFARGES

Le genre Platycnemis
Trois taxons d’un genre où les erreurs d’identification sont récurrentes, car les femelles et les immatures sont particulièrement variables. La répartition se précise cependant, Platycnemis acutipennis dans la moitié sud de PACA, mais qui ne semble pas atteindre le fleuve du Loup dans les Alpes-Maritimes, Platycnemis latipes avec une répartition plus large mais qui ne dépasse pas 1200 mètres d’altitude et ne franchit pas le fleuve Var, ces deux espèces étant inconnues en Italie.
Platycnemis pennipes a des populations plus morcelées et assez intrigantes. Des cas d’erratisme en altitude sont connus et Platycnemis pennipes a été capturé dans une tourbière à 2200 mètres en 2022 (com. pers. PNM), ce qui ne facilite pas le bilan sur l’autochtonie de l’espèce sur certains sites, comme à Vidauban dans le Var par exemple, où il a été photographié en tandem en 2015, alors qu’aucune population ne semble connue à des dizaines de kilomètres à la ronde.

Platycnemis acutipennis
Platycnemis latipes
Platycnemis pennipes
Des critères existent pour différencier les femelles Platycnemis, en particulier l’examen à la loupe des dents latérales et sublatérales du pronotum, mais l’expérience montre que l’on tombe sur des sujets où le critère est difficile à observer sur le terrain sans prélever l’individu.
https://www.meslibellules.fr/blog/2021/03/06/pronotum-des-femelles-du-genre-platycnemis/#:~:text=Le%20pronotum%20des%20femelles%20P,est%20lisse%20d%C3%A9pourvu%20de%20relief.
En revanche, un critère proposé sur la longueur des ailes des femelles est sujet à interprétation sur photos et n’est pas toujours fiable en PACA, certaines femelles latipes ayant les ailes aussi longues que les femelles pennipes, et certaines femelles pennipes presqu’aussi longues que certaines femelles acutipennis dont les ailes dépassent largement le segment 8.
https://www.meslibellules.fr/blog/2021/07/17/comparaison-des-femelles-platycnemis-acutipennis-latipes-et-pennipes/
Tous les autres critères connus chez les femelles de Platycnemis ne sont pas fiables à 100%, l’ornementation dorsale est extrêmement variable entre les formes sombres et les formes claires, comme les bandes antéhumérales d’ailleurs ou les motifs sur les pattes.
La recherche de mâles adultes est donc la meilleure manière d’identifier l’espèce avec certitude, et les critères sont alors très simples. Platycnemis acutipennis a le dessous des yeux bleutés et le corps orangé, Platycnemis latipes a le corps blanchâtre, exceptionnellement légèrement bleuté, les lobes de ses appendices anaux sont rectilignes et ses tibias postérieurs sont très dilatés et non lignés, et Platycnemis pennipes a le corps bleuté, mais blanchâtre chez les immatures, les lobes de ses appendices anaux paraissent arqués avec des tibias postérieurs faiblement dilatés ornés d’une ligne noire médiane.

Photo 78, 79. Mâle adulte de Platycnemis acutipennis avec la combinaison dessous des yeux bleutés et corps orangé, et femelle immature dont les ailes dépassent le segment 8 © Joss DEFFARGES 

Photo 80. Accouplement de Platycnemis latipes avec le mâle blanchâtre aux tibias postérieurs très dilatés et non lignés © Joss DEFFARGES

Photo 81. Accouplement de Platycnemis pennipes avec le mâle bleuté aux tibias postérieurs faiblement dilatés ornés d’une ligne noire médiane © Joss DEFFARGES

Photos 82, 83. Appendices annaux à apparence rectiligne de mâles Platycnemis latipes © Joss DEFFARGES

Photos 84, 85. Appendices annaux paraissant arqués de mâles Platycnemis pennipes © Joss DEFFARGES

Le genre Aeshna
Six espèces potentielles, Aeshna grandis n’ayant jamais été observée en PACA au moins ces vingt dernières années. La répartition de ce genre est assez bien étoffée, mais les Æschnes sont considérées comme bioindicatrices du changement climatique, car ces dernières années, elles colonisent de nouveaux milieux toujours plus en altitude, et leur cartographie a donc un intérêt majeur pour suivre l’évolution des biotopes et les menaces qui pèsent sur les cortèges associés.

Aeshna affinis
Aeshna cyanea
Aeshna grandis
Isoaeschna isoceles (Aeshna isoceles)
Aeshna juncea
Aeshna mixta

L’identification des espèces du genre Aeshna peut poser des problèmes car elles sont très mobiles et nécessitent un minimum de concentration sur les critères distinctifs quand elles se posent brièvement :
• le clou jaune parfois un peu pâle sur le segment 2 pour Aeshna mixta sans bande jaune entre les sutures humérales et les bandes antéhumérales,
• le masque noir sur le segment 2 pour Aeshna affinis avec des bandes jaunes entre les sutures humérales et les bandes antéhumérales,
• la combinaison yeux verts et corps brun d’Isoaeschna isoceles,
• les larges bandes antéhumérales vertes d’Aeshna cyanea.

Photo 86. Isoaeschna isoceles et la combinaison yeux verts et corps brun © Joss DEFFARGES

Photo 87. Mâle d’Aeshna affinis et le masque noir sur le segment 2 avec des bandes jaunes entre les sutures humérales et les bandes antéhumérales © Joss DEFFARGES

Photo 88. Accouplement d’Aeshna mixta avec le mâle et son clou jaune sur S2 © Joss DEFFARGES

Photo 89. Aeshna cyanea avec ses larges bandes antéhumérales © Joss DEFFARGES

Photo 90. Aeshna juncea sans larges bandes antéhumérales © Joss DEFFARGES
La dernière espèce, Aeshna juncea, vole en principe dans les tourbières et les lacs alpins, mais c’est la plus difficile à déterminer lorsqu’elle vole à des altitudes inférieures où les autres espèces sont potentielles, d’autant qu’il faut le plus souvent procéder par élimination des critères des autres Æschnes pour l’identifier avec certitude. Elle est quasiment jumelle en plus grand avec Aeshna mixta mais ne présente pas de clou jaune sur S2 et a des bandes antéhumérales jaunes en forme d’apostrophe.

Photo 91. Aeshna juncea n’a pas de masque noir sur le segment 2 comme Aeshna affinis ou de clou jaune sur le segment 2 comme Aeshna mixta © Joss DEFFARGES

Le genre Anax
Trois taxons dont la répartition est assez bien documentée, sauf en ce qui concerne l’autochtonie d’Anax ephippiger. Attention, Anax parthenoppe et Anax ephippiger sont des migrateurs, et peuvent se retrouver à toute altitude dans tous les milieux, Anax parthenope à partir de la mi-août jusqu’à octobre, et Anax ephippiger à partir de fin août et jusqu’en hiver.

Anax ephippiger
Anax imperator
Anax parthenope
L’identification est souvent basée sur la combinaison couleur des yeux et du thorax, Anax ephippiger ayant les yeux bruns et le thorax brun et la partie inférieure du thorax jaunâtre, Anax imperator les yeux vert clair ou bleus avec le thorax vert, et Anax parthenope les yeux verts parfois bleutés sur les bords et le thorax majoritairement brun. Anax imperator est également le seul à avoir du bleu en avant des ailes.

Photo 92. Anax ephippiger avec les yeux bruns et le thorax brun, et toujours du brun en avant des ailes © Joss DEFFARGES

Photo 93. Mâle d’Anax imperator avec les yeux bleus et le thorax vert, et toujours du bleu en avant des ailes © Joss DEFFARGES

Photo 94. Anax parthenope avec les yeux verts bruns et le thorax brun, et toujours du brun en avant des ailes © Joss DEFFARGES

Photo 95. Anax ephippiger avec les yeux bruns (mais parfois verts !) et le thorax brun et la partie inférieure du thorax jaunâtre © Joss DEFFARGES

Photo 96. Femelle d’Anax imperator avec les yeux verts et le thorax vert, et toujours un peu de bleu ou du vert en avant des ailes © Joss DEFFARGES

Photo 97. Mâle d’Anax parthenope avec les yeux verts parfois bordés de bleu et le thorax majoritairement brun © Joss DEFFARGES

Photo 98. Femelle d’Anax parthenope avec les yeux verts parfois bordés de bleu et le thorax majoritairement brun © Joss DEFFARGES

Le genre Boyeria
Le seul taxon connu est commun en PACA, sauf à haute altitude et dans le nord des Hautes-Alpes. Les motifs dorsaux ressemblent à du camouflage et permettent d’identifier l’espèce commodément. Le front n’a pas de marque noire distincte comme le genre Anax ou de T noir comme le genre Aeshna.

Boyeria irene
Photo 99. Boyeria irene et ses motifs dorsaux ressemblant à du camouflage © Joss DEFFARGES

Photo 100. Zone sombre indistincte sur le front de Boyeria irene © Joss DEFFARGES

Le genre Brachytron
La seule espèce existante fréquente les marais et les canaux en général en dessous de 200 mètres d’altitude. Les observations se raréfient ces dernières années, sans que l’on sache si la pression des observateurs s’est relâchée ou si les milieux peu accessibles dans lesquelles elle émerge la rende très discrète. Les pollutions des milieux rivulaires, les canicules à répétition et l’urbanisation près des zones humides peuvent également l’avoir gravement impactée.

Brachytron pratense
Son identification n’est guère difficile, car le mâle et la femelle ont une tache jaune bien visible au centre du segment 1 et deux lignes noires complètes dans le thorax.

Photo 101. Tache centrale au segment 1 chez Brachytron pratense © Joss DEFFARGES

Photo 102. Mâle de Brachytron pratense avec sa tache bien visible au centre du segment 1 © Joss DEFFARGES

Photo 103. Accouplement de Brachytron pratense avec chez les deux sexes, le thorax vert traversé de deux lignes noires complètes © Joss DEFFARGES 

Le genre Stylurus
La seule espèce connue est cantonnée au Vaucluse et à l’est des Bouches-du-Rhône et fréquente essentiellement les rives du Rhône. Toute observation en dehors du lit principal du fleuve mérite la plus grande attention. Elle s’identifie principalement par le T jaune sur son thorax, ses pattes dominées de jaune et son thorax dont la bande métapleurale n’est pas fourchue contrairement au genre Gomphus.
Mais on découvre surtout cette espèce en recherchant ses exuvies. Les imagos fréquentent des prairies fleuries et riches en insectes dans son environnement.

Stylurus flavipes
Photo 104. Mâle de Stylurus flavipes © loicalegot

Photo 105. Stylurus flavipes avec le T jaune sur son thorax © ivanprst

Photo 106. Stylurus flavipes avec un thorax ne présentant pas de bande métapleurale fourchue © ivanprst

Le genre Gomphus
La répartition du genre Gomphus est assez incomplète car des découvertes chaque année viennent compléter la cartographie. Ainsi Gomphus graslinii a même été découvert dans les Alpes-Maritimes à Mandelieu-la-Napoule en 2022 par le CEN PACA.

Gomphus graslinii
Gomphus pulchellus
Gomphus simillimus
Gomphus vulgatissimus
L’identification est basée sur l’observation attentive de la ligne médiodorsale, de la couleur des pattes, des bandes antéhumérales et des sutures thoraciques. Gomphus vulgatissimus est le seul à ne pas avoir de ligne médiodorsale jaune sur les derniers segments et les pattes noires, Gomphus pulchellus est le seul à avoir une ligne interpleurale complète de la deuxième patte à la base de l’aile postérieure, Gomphus simillimus a des bandes antéhumérales noires-jaunes-noires de même largeur alors que Gomphus graslinii a la bande antéhumérale jaune plus étroite entre les deux bandes noires.

Photo 107. Gomphus graslinii avec sa bande antéhumérale jaune plus étroite entre les deux bandes noires © Benoit Nabholz

Photo 108. Gomphus vulgatissimus avec les derniers segments sans ligne dorsale jaune et les pattes noires © fabnobili

Photo 109. Gomphus simillimus avec ses bandes antéhumérales noires-jaunes-noires de même largeur © Joss DEFFARGES

Photo 110. Gomphus pulchellus avec sa ligne interpleurale complète qui traverse le côté du thorax © Joss DEFFARGES

Le genre Onychogomphus
Les connaissances de la répartition du genre Onychogomphus ont énormément progressé ces dernières années, en particulier dans la spatialisation entre les populations des deux sous-espèces, l’Onychogomphus forcipatus unguiculatus au sud de PACA et la sous-espèce forcipatus au nord de PACA.

Onychogomphus forcipatus unguiculatus
Onychogomphus forcipatus forcipatus
Onychogomphus uncatus
L’identification à l’espèce se fait principalement sur l’observation de l’anneau transversal jaune à la base du thorax, continu chez Onychogomphus forcipatus et interrompu de noir au niveau de la carène médiodorsale chez Onychogomphus uncatus. De nombreux autres critères les différencient, vertex noir et larges bandes noires du thorax chez Onychogomphus uncatus, et les appendices anaux sont très différents chez Onychogomphus forcipatus ainsi que les motifs latéraux sur les segments, quoique la variabilité soit grande.

Photos 111, 112. Comparaison des thorax d’Onychogomphus forcipatus et uncatus © Joss DEFFARGES

Photos 113, 114. Onychogomphus forcipatus à gauche avec son anneau jaune à la base du thorax et du jaune au vertex, et Onychogomphus uncatus à droite avec son anneau jaune interrompu de noir et son vertex entièrement noir © Joss DEFFARGES

Photo 115.Motifs latéraux arrondis d’Onychogomphus forcipatus © Joss DEFFARGES

Photo 116.Motifs latéraux en pointe d’Onychogomphus uncatus © Joss DEFFARGES 
Les deux sous-espèces d’Onychogomphus forcipatus ne peuvent être déterminées que sur une très bonne photo de profil des mâles ou sur capture, par examen de la dent subterminale de la lame supra-anale, car les femelles des deux espèces sont indifférenciables, même si 90% des femelles Onychogomphus forcipatus unguiculatus ont les yeux de couleur bleu intense alors que Onychogomphus forcipatus forcipatus a le plus souvent les yeux de couleur verte, mais comme il existe des exceptions, le critère n’est pas valide à 100 % et il convient d’examiner d’autres éléments. Cependant, même pour les mâles, l’aspect de cette dent subterminale est variable Il faut un minimum d’expérience pour déterminer avec assurance la sous-espèce et surtout examiner plusieurs individus d’une même population pour éviter les variations statistiques. La dent de la sous-espèce unguiculatus rebique et parait horizontale dans la continuité de la lame supra-anale, tandis que la dent subterminale de la sous-espèce forcipatus semble une excroissance verticale adjointe.
Ce genre est très discret en accouplement et s’éloigne rapidement du cours d’eau pour se percher dans la ripisylve.

Photo 117. Accouplement d’Onychogomphus forcipatus © Colette DELCLAUX

Photos 118, 119. Aspect horizontal de la dent subterminale d’Onychogomphus forcipatus unguiculatus © Joss DEFFARGES

Photos 120, 121. Aspect vertical de la dent subterminale d’Onychogomphus forcipatus forcipatus © Joss DEFFARGES

Le genre Cordulegaster
La répartition du genre Cordulegaster a incroyablement progressé ces dernières années, en particulier pour le Cordulegster bidentata, espèce réputée cryptique, mais dont les populations occupent en fait la moitié du territoire de PACA au nord et à l’est. La recherche spécifique des larves est une excellente méthode dans ses habitats bien différents de ceux des autres odonates : à savoir les tufières et le cours supérieur des cours d’eau ainsi que parfois les torrents d’altitude comme dans le massif des Ecrins. Les deux sous-espèces traditionnelles immaculifrons et boltonii du Cordulegaster boltonii ne sont en fait que des variations de cette espèce d’après les analyses génétiques.

Cordulegaster bidentata
Cordulegaster boltonii
La distinction n’est pas toujours simple dans les milieux difficiles d’accès où vivent ces espèces, le Cordulegaster bidentata n’a pas de jaune dans les derniers inter-segments et son triangle occipital est noir, contrairement au Cordulegaster boltonii qui a un triangle occipital jaune et tous les inter-segments jaunes également. Des hybrides aux caractéristiques intermédiaires existent.

Photos 122, 123. Cordulegaster bidentata à gauche et son triangle occipital noir et Cordulegaster boltonii à droite et son triangle occipital jaune © Eliot STEIN-DEFFARGES

Photo 124. Cordulegaster bidentata sans jaune dans les derniers inter-segments, un seul anneau jaune donc sur chaque segment abdominal alors qu’il y en a deux chez Cordulegaster boltonii © Joss DEFFARGES

Photo 125. Cordulegaster boltonii avec du jaune dans tous les inter-segments, donc deux anneaux pour l’essentiel des segments abdominaux © Joss DEFFARGES

Le genre Cordulia
Le seul taxon connu a une répartition très mystérieuse en PACA, car ces dernières années, certains individus sont observés près du littoral sans que l’autochtonie ne soit prouvée. On ne connait pas non plus exactement sa répartition en altitude et des preuves de reproduction sont attendues par le Parc du Mercantour sur les sites supposés colonisés. En 2023, il a été établi que Cordulia aenea se reproduit au moins jusqu’à 1750 mètres à Beuil.

Cordulia aenea
L’identification peut se révéler très délicate pour cet odonate qui se perche rarement et dont le vol est nerveux. Le mâle a un abdomen élargi comme une massue au niveau des segments 7 et 8. Les deux sexes ont un thorax peu brillant, et surtout, n’ont pas de jaune sur le front contrairement aux espèces du genre Somatochlora à l’apparence en vol souvent semblable.

Photos 126. Reflets de bronze et de cuivre sur le thorax de Cordulia aenea © Eliot STEIN-DEFFARGES

Photos 127, 128. Cordulia aenea sans jaune sur le front contrairement au genre Somatochlora © Eliot STEIN-DEFFARGES

Photos 129, 130. Aspect de l’abdomen en massue de mâles de Cordulia aenea © Eliot STEIN-DEFFARGES

Le genre Oxygastra
Le seul taxon représenté dans ce genre a une répartition assez large en PACA mais ne fréquente pas les altitudes supérieures à 750 mètres. Sa cartographie doit être une priorité nationale puisque l’espèce est protégée et bénéficie de deux annexes dans les Directives Habitats.

Oxygastra curtisii
L’identification ne peut se faire sur capture, sauf autorisation, mais l’espèce est déterminable en vol ou posée assez facilement, des marques dorsales jaunes bien visibles étant alignées du segment 1 jusqu’au segment 7 avec une crête jaune au segment 10.

Photo 131. Immature d’Oxygastra curtisii avec l’alignement de marques dorsales jaunes © Joss DEFFARGES

Photo 132. Mâle d’Oxygastra curtisii avec l’alignement de marques dorsales jaunes © Francine BEGOU-PIERINI

Photo 133. Mâle d’Oxygastra curtisii avec sa crête jaune sur le segment 10 © Joss DEFFARGES

Le genre Somatochlora
Cinq espèces à la répartition fine mal définie. Somatochlora metallica est rarement observée depuis 2011 en PACA et est à présent classée en Danger critique d’extinction dans la Révision de la Liste rouge des libellules (Odonata) de Provence-Alpes-Côte d’Azur – version 2017. La répartition de Somatochlora meridionalis est en revanche mieux connue que par le passé, de Vidauban (83) à Mouans-Sartoux (06), et la découverte de nouvelles stations dans le Var n’est pas exclue.

Somatochlora alpestris
Somatochlora arctica
Somatochlora flavomaculata
Somatochlora metallica
Somatochlora meridionalis
L’identification nécessite un peu d’expertise dans l’examen de la répartition des marques jaunes sur le front, des appendices anaux des mâles et des lames vulvaires des femelles. Pour les mâles, l’examen des appendices anaux est facile et diagnostic sur de bonnes photographies ou sur capture. Le thorax est toujours brillant sur les individus du genre Somatochlora, ce qui les distingue du genre Cordulia.

Photo 134. Marque jaune sur le front d’un mâle de Somatochlora alpestris © Joss DEFFARGES

Photo 135. Marques jaunes sur le front d’un mâle de Somatochlora alpestris © Joss DEFFARGES

Photo 136. Brillance du thorax sur un mâle de Somatochlora alpestris © Joss DEFFARGES 

Le genre Brachythemis
L’espèce n’a pas encore été observée en PACA mais est en expansion depuis la Corse, l’Italie et l’Espagne. Sa présence erratique devient potentielle.

Brachythemis impartita
Photo 137. Mâle de Brachythemis impartita © pdubois

Le genre Crocothemis
Le seul taxon connu est très commun et peut être erratique jusqu’à plus de 2 000 mètres d’altitude dans les Alpes françaises et les Pyrénées.

Crocothemis erythraea
L’observation de la couleur jaune des ptérostigmas et de la couleur rouge-orangée des pattes, avec la largeur de l’abdomen, permet de le discriminer du genre Sympetrum. Les femelles sont jaunâtres mais extérieurement semblables aux mâles avec la base des ailes ambrées.

Photo 138. Mâle de Crocothemis erythraea avec son large abdomen écarlate, ses ptérostigmas jaunes et ses pattes orangées © Hans-Jürgen BLUM

Photo 139. Femelle de Crocothemis erythraea aux pattes orangées © Joss DEFFARGES
Les femelles ont cependant une caractéristique spécifique, une lame vulvaire saillante à angle droit, qui discrimine toutes les espèces proches avec lesquelles elles peuvent être confondues, sauf éventuellement les femelles de Sympetrum vulgatum.

Photos 140, 141. Lames vulvaires des femelles de Crocothemis erythraea © Joss DEFFARGES

Photo 142. Aspect à distance de la femelle de Crocothemis erythraea à abdomen large et ptérostigmas jaunes© Joss DEFFARGES 

Le genre Diplacodes
Le seul taxon n’a pas encore été observé en France mais est en expansion depuis la Sardaigne et l’Espagne. Sa présence devient potentielle.

Diplacodes lefebvrii
Photo 143. Mâle de Diplacodes lefebvrii © nat_rojasestevez

Le genre Leucorrhinia
Le seul taxon connu en PACA y est très rare. Classé en Danger d’extinction, sa prospection est une priorité régionale. Ses habitats d'altitude sont très sensibles aux assèchements à répétition notés lors des canicules de ces dernières années.

Leucorrhinia dubia
Photo 144. Mâle de Leucorrhinia dubia © pdubois

Le genre Libellula
Trois taxons pour des espèces à large répartition, même si Libellula fulva est bien moins alticole et devient rare dans les Hautes-Alpes.

Libellula depressa
Libellula fulva
Libellula quadrimaculata
L’identification du genre Libellula ne pose aucun problème si l’on prend soin de vérifier la couleur noire des ptérostigmas et la base sombre des ailes postérieures avant tout autre critère, puis la couleur de la face, noire chez le mâle de Libellula fulva et brune chez Libellula depressa, et la coloration noire du nodus chez Libellula quadrimaculata. Les femelles et les mâles immatures de Libellula fulva sont assez semblables d’aspect, des taches sombres ornent l’apex des ailes des femelles et parfois celles des mâles.
Libellula depressa est la seule à avoir de larges bandes antéhumérales claires.

Photo 145. Mâle de Libellula depressa avec ses larges bandes antéhumérales claires © Joss DEFFARGES

Photo 146. Face noire et yeux glauques de Libellula fulva © Joss DEFFARGES

Photo 147. Coloration noire du nodus chez Libellula quadrimaculata © Joss DEFFARGES

Photo 148. Femelle immature de Libellula fulva avec l’apex des ailes sombres © Joss DEFFARGES

Photo 149. Face brune et abdomen très déprimé de Libellula depressa © Joss DEFFARGES

Photo 150. Coloration du nodus chez Libellula quadrimaculata © Joss DEFFARGES

Photo 151. Coloration du nodus chez Libellula quadrimaculata de forme praenubila © Joss DEFFARGES

Le genre Orthetrum
Quatre espèces en PACA, la sous espèce anceps du Orthetrum coerulescens n’est théoriquement présente qu’en Corse, mais demeure potentielle en France continentale où quelques individus lui ressemblent d’ailleurs. Les quatre espèces sont communes et ont une large répartition, l’Orthetrum albystilum est commun dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, mais devient plus rare dans le Var et les Alpes-de-Haute-Provence, et n’est observé qu’exceptionnellement dans les Hautes-Alpes et les Alpes-Maritimes.

Orthetrum albistylum
Orthetrum brunneum
Orthetrum cancellatum
Orthetrum coerulescens
L’identification est singulièrement problématique sur photographie, car tous les critères peuvent ne pas être visibles sur un seul angle de vue, concernant les Orthetrum à ptérostigmas de couleur noire albistylum vs cancellatum et surtout les Orthetrum à ptérostigmas de couleur jaune-orangé brunneum vs coerulescens.
Trois critères permettent de facilement distinguer l’Orthetrum albistylum de l’Orthetrum cancellatum, la couleur des appendices anaux des mâles, généralement blancs chez albistylum et toujours noirs chez cancellatum, la coloration de la face, toujours jaunâtre chez les cancellatum et plus claire chez albistylum, bleu chez le mâle et blanchâtre chez la femelle, et pour finir l’ornementation du thorax pour les deux sexes et les immatures, avec des bandes claires chez albistylum et de couleur unie chez cancellatum.

Photos 152, 153. Mâle d’Orthetrum albistylum à face bleu clair à gauche et mâle d’Orthetrum cancellatum à face jaunâtre à droite © Eliot STEIN-DEFFARGES

Photos 154, 155. Mâle d’Orthetrum albistylum à appendices anaux blancs à gauche et mâle d’Orthetrum cancellatum à appendices anaux noirs à droite © Joss DEFFARGES

Photos 156, 157.Femelle d’Orthetrum albistylum avec un thorax à bandes claires et Femelle d’Orthetrum cancellatum à thorax uni, jaune ou brun © Joss DEFFARGES

Une multitude de critères différencie théoriquement l’Orthetrum brunneum de l’Orthetrum coerulescens, mais l’expérience montre que la plupart des critères pris séparément ne sont pas fiables à 100%, sauf la couleur de la face qui est toujours globalement claire chez l’Orthetrum brunneum, bleutée chez le mâle et blanchâtre chez la femelle, et globalement sombre chez l’Orthetrum coerulescens, brune chez le mâle et jaunâtre chez la femelle. L’examen précis de la nervation alaire est un critère difficile, mais fiable et il est possible sur toute photo où les quatres ailes sont bien visibles.
Les critères sur les sutures du thorax, la longueur des ptérostigmas, l’examen du segment 8 des femelles et même les pièces copulatrices des mâles sans une très bonne loupe ne permettent pas de conclure une bonne détermination. Cependant, la conjonction de tous les critères est utile pour confirmer une détermination faite seulement par la face des individus.

Le faisceau de critères valides pour l’Orthetrum brunneum est :
• Mâles à face claire bleutée, femelles et immatures à face blanche ou jaune bien clair,
• des ptérostigmas courts et orangés à l’état adulte, mais jaune comme coerulescens pour les immatures,
• 4 à 9 cellules dédoublées au-dessus de la nervure radiale supplémentaire des ailes, rarement moins de 4 cellules sur une aile mais parfois aucune, observer alors chacune des ailes car les exceptions sur les 4 ailes sont extrêmement rares,
• des bandes antéhumérales rarement très claires et jamais bien nettes,
• une ornementation dorsale avec essentiellement des paires de points le long de la ligne médiodorsale, surtout sur les derniers segments, sauf exceptions,
• le segment 8 des femelles est développé ventralement mais pas latéralement,
• la morphologie est plus forte que celle d’Orthetrum coerulescens.

Photos 158, 159. Orthetrum brunneum à face claire, bleutée chez le mâle à gauche, blanchâtre chez la femelle ou l’immature à droite © Joss DEFFARGES

Photos 160, 161. Orthetrum brunneum à ptérostigmas courts, orangés chez l’adulte à gauche se ternissant en brun chez des individus âgés, et jaunes chez l’immature à droite © Joss DEFFARGES

Photos 162, 163. Orthetrum brunneum à bandes antéhumérales jamais nettement claires et des paires de points noirs ornent les derniers segments © Joss DEFFARGES
Le faisceau de critères valides pour l’Orthetrum coerulescens est :
• Mâles à face sombre ou noire, femelles et immatures à face jaunâtre, jamais bien claire sauf de rares exceptions,
• des ptérostigmas longs et jaunes à l’état adulte, mais devenant orangés comme brunneum en vieillissant, et se ternissant volontiers chez des individus vus en automne,
• aucune ou jusqu’à 4 cellules dédoublées au-dessus de la nervure radiale supplémentaire des ailes, rarement 5,
• des bandes antéhumérales très claires et toujours nettes, sauf en vieillissant car elles paraissent effacées, et sauf chez les mâles car elles sont recouvertes par la pruine en particulier chez les populations les plus méridionales,
• une ornementation dorsale avec essentiellement des traverses le long de la ligne médiodorsale jusqu’aux derniers segments où ils ressemblent à des traits et non à des points, sauf de rares exceptions,
• le segment 8 des femelles est développé latéralement, mais ce critère n’est pas visible chez les immatures.

Photo 164. Mâle immature atypique d’Orthetrum coerulescens ayant des points dans les derniers segments, les points sont alors gras, pâteux, et pour ainsi dire fusionnés sur une ligne © Joss DEFFARGES

Photo 165. Femelle immature d’Orthetrum coerulescens au segment 8 pas encore développé latéralement © Joss DEFFARGES

Photos 166, 167. Orthetrum coerulescens, mâle à face sombre à gauche, jaunâtre chez la femelle ou l’immature à droite © Joss DEFFARGES

Photos 168, 169. Orthetrum coerulescens à ptérostigmas longs, jaunes chez l’adulte à gauche et orangés en vieillissant © Joss DEFFARGES

Photos 170, 171. Orthetrum coerulescens à bandes antéhumérales nettement claires à droite, le segment 8 sur la femelle à gauche est bien développé latéralement, les petits motifs de l’abdomen forment une ligne et non deux petits points séparés comme c’est le cas chez Orthetrum brunneum © Joss DEFFARGES

Photo 172. Accouplement d’Orthetrum coerulescens avec un mâle à bandes antéhumérales claires © Joss DEFFARGES

Photo 173. Accouplement d’Orthetrum coerulescens avec un mâle à bandes antéhumérales couvertes de pruine © Joss DEFFARGES 

Le genre Pantala
La seule espèce est un erratique rare en Europe, mais observé de plus en plus fréquemment, et dont la reproduction est confirmée à Chypre, et est suspectée en Allemagne et en Suisse. L’observation d’un immature dans le Gard en 2019 précède une mention récente exceptionnelle en PACA en 2022.

Pantala flavescens
Photo 174. Mâle de Pantala flavescens © maxko1

Le genre Selysiothemis
La seule espèce est une nouvelle venue en France, en PACA depuis au moins 2018, et dont la reproduction est confirmée à Vinon-sur-Verdon (83) depuis 2020.

Selysiothemis nigra
Aucune espèce proche ne peut être confondue avec le mâle bleu sombre, et la faible taille des femelles évite les méprises.

Photo 175. Mâle de Selysiothemis nigra © Luc SOURET

Photo 176. Femelle de Selysiothemis nigra © Jean-Michel BOMPAR

Le genre Sympetrum
La répartition s’est considérablement améliorée pour toutes les espèces, même s’il existe des disparités dans les connaissances de chacune. Sympetrum danae reste dans les vallées alpines. Sympetrum depressiusculum a été photographié dans les Alpes-Maritimes mais est difficile à retrouver dans le Var. Cette espèce a bien régressé dans les Bouches-du-Rhône. Sympetrum flaveolum est toujours aussi localisé et inconstant sur ses sites de reproduction qui sont souvent transitoires. Sympetrum meridionale est erratique en altitude mais pas exceptionnel. Sympetrum fonscolombii est toujours aussi abondant lors de ses migrations. Sympetrum pedemontanum colonise parfois des sites, puis les abandonne mystérieusement. Sympetrum sanguineum semble se reproduire même près des milieux alpins comme le fait Sympetrum striolatum. Sympetrum vulgatum demeure en limite nord des Alpes-de-Haute-Provence et dans les Hautes-Alpes et a disparu ailleurs.

Sympetrum danae
Sympetrum depressiusculum
Sympetrum flaveolum
Sympetrum fonscolombii
Sympetrum meridionale
Sympetrum pedemontanum
Sympetrum sanguineum
Sympetrum striolatum
Sympetrum vulgatum
Pour l’identification du genre Sympetrum, vous pouvez consulter la clé de Loïs Rancilhac réalisée en mai 2021 : « Les Sympétrums de PACA - aide à l’identification et à la saisie dans faune-paca ».
https://cdnfiles1.biolovision.net/www.faune-paca.org/userfiles/odonates/aidealasaisiesympetrumsfaune-paca.pdf

Photo 177. Mâle de Sympetrum pedemontanum sur un site où elle n’avait jamais été observée auparavant, mais qui peut être aussi bien abandonné l’année suivante © Joss DEFFARGES

Photo 178. Mâle de Sympetrum fonscolombii faisant une halte migratoire avec des milliers de ses congénères d’août à octobre en PACA © Joss DEFFARGES

Le genre Trithemis
Une seule espèce est présente en PACA depuis au moins 2009. Elle commence à présent à coloniser le département des Alpes-de-Haute-Provence qu’elle avait toutefois visité il y a longtemps.
Trithemis kirbyi n’a pour l’instant pas été observé, mais ça ne saurait tarder car cette nouvelle espèce pour la faune française arrivent depuis 2017 en France par l’Espagne et commence à coloniser l’Occitanie et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Elle remonte également le long des îles italiennes depuis la Tunisie.

Trithemis annulata
Trithemis kirbyi
Les femelles et les mâles immatures des Trithemis sont parfois moins faciles à identifier, mais les nervures rouges et les pattes noires de Trithemis annulata permettent de facilement discriminer toute autre espèce. Les motifs anastomosés des côtés du thorax et le symbole Mercedes sous le thorax ne trompent pas non plus.

Photo 179, 180. Femelle de Trithemis annulata et son symbole Mercedes sous le thorax© archeo_tea

Photo 181. Mâle de Trithemis annulata © Patrick Kern
Les marques ambrées étendues sur les ailes et les ptérostigma sombres permettent d’identifier facilement le mâle de Trithemis kirbyi, car pour le reste de son apparence, il est à mi-chemin entre un Crocothémis avec ses pattes orangées et le dessous de ses yeux bleus et un Sympetrum fonscolombii avec ses nervures rouges et son fin abdomen. Les femelles et les mâles immatures pourront être la source de nombreuses confusions.

Photo 182. Mâle de Trithemis kirbyi © jaheymans 
Conclusion
Les difficultés d’identification des Odonates de Provence-Alpes-Côte-d'Azur sont toutes relatives, car l’état des connaissances sur la répartition des odonates de PACA est globalement excellent et la majorité des critères d’identification sont détaillés dans de nombreux ouvrages. Avec les précisions apportées dans ce document, nous espérons fournir des éclairages sur la détermination de certains genres lors de vos prospections. Nous ne doutons pas que des découvertes se profilent dans de nombreuses vallées et sur les rivages de notre belle région et que des réactualisations pourraient être nécessaires en cas d’apparition de nouvelles espèces.

Photo 183. Mâle de Sympetrum sanguineum ayant colonisé des milieux alpins en altitude, une nouveauté pour la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur © Joss DEFFARGES

Références bibliographiques

BLANCHON Y., BLETTERY J., DURAND É., LECCIA M.-F., PAPAZIAN M. 2017. Révision de la Liste rouge des libellules (Odonata) de Provence-Alpes-Côte d’Azur – version 2017.

DIJKSTRA Klaas-Douwe B. - Guide des libellules de France et d'Europe (2e édition) - Richard Lewington (Illustrateur) DELACHAUX ET NIESTLÉ (01/04/2021)

DOUCET G., 2010.- Clé de détermination des exuvies des Odonates de France. – Société française d’odonatologie, 64 pages.

JOURDE P., 2010. Les Odonates biologie et écologie

LAMBRET P., RONNE C., BENCE S., BLANCHON Y., BLETTERY J., DURAND E., LECCIA MF. & PAPAZIAN M., 2017. Révision de la Liste rouge des libellules (Odonata) de Provence-Alpes-Côte d’Azur – version 2017. Martinia 33(1-2) : 37-52.

PAPAZIAN M., VIRICEL G., BLANCHON Y. & KABOUCHE B., 2017. – Les Libellules de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Biotope, Mèze, 368 p.

PAPE-LANGE Dirk – Photo-Guide des Libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, février 2019

Photo 184. Accouplement de Platycnemis acutipennis en limite de répartition dans les Alpes-Maritimes, l’espèce n’ayant jamais été observée en Italie © Joss DEFFARGES

Sitographie

Crançot Nature
https://crancot-nature.blogspot.com/

Faune PACA
https://www.faune-paca.org/

Guy GEORGE - Les Odonates dans les Alpes-Maritimes
https://www.dropbox.com/sh/4mpz8x4d4jcmowm/AABbN_xeS6-lEm-np1G-OXk3a?dl=0

Inaturalist
https://www.inaturalist.org

Les carnets nature de Jessica
https://jessica-joachim.com/insectes/odonates/

Libellenschutz.ch !
https://libellenschutz.ch/

Mes Libellules
http://www.meslibellules.fr/

Morphologie des libellules
http://entomofaune.qc.ca/entomofaune/odonates/Morphologie.html

Nature 22
https://www.nature22.com/

Silene Expert plateforme régionale du SINP de Provence-Alpes-Côte d'Azur
https://expert.silene.eu/#/

Tout sur la libellule, ce grand insecte ailé
https://myanimals.com/fr/actualites/tout-sur-la-libellule-ce-grand-insecte-aile/

Photo 185. Tandem de Platycnemis latipes en limite de répartition dans les Alpes-Maritimes, l’espèce n’ayant jamais été observée en Italie © Joss DEFFARGES

Références bibliographiques spécifiques aux Calopteryx

ADAMOVIC Z.R. VIJATOV S.T. Morphometric examination of Calopteryx balcanica Fudakowski, 1930 and C. splendens ancilla Selys,1853 (Zygoptera : Calopterygidae) 5 décembre 1995

DUMONT H.J. MERTENS J. and DE COSTER W. – The Calopteryx-splendens-cline in southwestern France analysed by quantitative wingspot analysis (Zygoptera : Calopterygidae) 2 juin 1993

MAIBACH A. Révision systématique du genre Calopteryx Leach pour l'Europe occidentale (Zygoptera, Calopterygidae).
I. Analyses biochimiques 1985
II. analyses morphologiques et synthèse 1986
III. Révision systématique, étude bibliographique, désignation des types et clé de détermination 7 octobre 1986

PAPAZIAN M. Etude systématique et biogéographique de Calopteryx splendens (Harris, 1782) en Provence (Odonata, Zygoptera). In: Bulletin de la Société entomologique de France, volume 100 (4), octobre 1995. pp. 361-376

RAILLOT Marie-Constance - Présence de Calopteryx splendens caprai Conci, 1956 dans les Alpes françaises, erratisme ou indigénat ? GRENHA - INVENTAIRE 2017

WENDLER & NÜSS - Guide d'identification des libellules de France, d'Europe septentrionale et centrale – 1 juillet 1997

Photo 186. Mâle de Calopteryx splendens caprai supposé erratique en 2020 à Meyronnes (04), la deuxième observation en France © marionbastien

Références bibliographiques spécifiques aux autres espèces

BOUDOT J.-P., JACQUEMIN G., DUMONT H. J. – Revision of the subspecies of Onychogomphus forcipatus (Linnaeus, 1758) in Europe and Asia Minor, and the true distribution of Onychogomphus forcipatus unguiculatus (Vander Linden, 1823) (Odonata, Gomphidae)

BRETON F. - Phénomènes migratoires chez Sympetrum fonscolombii (Selys, 1840) dans les Alpes du Sud (Odonata, Anisoptera, Libellulidae)

BROUWER Piet - Trithemis kirbyi near the SpanishFrench border - Boletín Rola nº 8, segundo semestre 2016

BUCZYNSKI P., SHAPOVAL A.P., BUCZYNSKA E. - Pantala flavescens at the coast of the Baltic Sea (Odonata: Libellulidae) 2014

CHEVALIER L. - Une nouvelle espèce d’odonate découverte dans les Alpes-Maritimes - CEN PACA Garrigues n°72 – 2e semestre 2022

DEGRANGE C. & SEASSEAU M.D. (1970).- Première capture en Europe de la larve de Hemianax ephippiger (Burmeister). Trav. Lab. Hydrob. de Grenoble, 61 : 77-87

FROUFE E., FERREIRA S., BOUDOT J.-P., ALVES P.C. & HARRIS D.J. (2014). Molecular phylogeny of the Western Palaearctic Cordulegaster taxa (Odonata: Anisoptera: Cordulegastridae). Biological Journal of the Linnean Society, 111(1) : 49-57.

KRIEG-JACQUIER Régis & BOUDOT Jean-Pierre - Observation d’Erythromma najas Hansemann, 1823 dans le département du Var et mise à jour des données sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Odonata, Coenagrionidae) 12 juillet 2021

LOHR M. - Selysiothemis nigra new for continental France (Odonata: Libellulidae) 2021

RAULT P.-A., GOURDAIN P., GUICHETEAU D., GEORGE G., BRAUD Y. - Découverte de nouvelles stations de Cordulie méridionale Somatochlora meridionalis Nielsen, 1935 dans le Var et les Alpes-Maritimes octobre 2015

RENOULT J. 2013 – Arrivée de la Libellule purpurine Trithemis annulata (De Palisot de Beauvois, 1805) dans la vallée du Rhône. – Sympetrum, 17. [Edition A4 2013 – PDF]

SPARROW D.J., DE KNIJF G. - The circumtropical Pantala flavescens is a regular visitor to Cyprus and reproducing on the island (Odonata: Libellulidae) 2020

VIEIRA V., CORDERO-RIVERA A. - First record of Pantala flavescens from the Azores (Odonata: Libellulidae) 2015

Photo 187. Mâle de Trithemis kirbyi, une espèce dont l’observation est attendue dans les prochaines années en Provence © jaheymans

Planches des critères des Odonates de PACA

Article complet :
https://drive.google.com/file/d/1tPj5AESYWQiLL8AVeuovT7d9_iC0rmzp/view?usp=sharing

Posted on January 31, 2024 11:26 PM by eliot13 eliot13 | 0 comments | Leave a comment

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